L’expérimentation forestière
Le Grand Site de France accueille une expérimentation en matière de gestion forestière sur le mont Beuvray.
Recouvrant 52% de l’espace du territoire, la forêt est une composante majeure du paysage. Dans un contexte de grande incertitude quant à son devenir, notamment sur le sujet de la régénération des parcelles autrefois peuplées d’épicéa, anéantie depuis 2018 par la "crise du scolyte", les gestionnaires du Grand Site de France se sont mobilisés pour faire du mont Beuvray un laboratoire d’expérimentation en matière de gestion forestière avec une dimension de facilitation du dialogue territorial.
Une forêt menacée à court terme
L’impact du changement climatique
Sécheresses, parasites... l’impact du changement climatique est dramatique sur les peuplements forestiers de résineux introduits au cours du XXe siècle, comme l’épicéa ou le sapin pectiné, mais aussi sur la hêtraie. L’arrivée à maturité de peuplements réguliers de résineux, notamment de douglas, et leur exploitation en coupe rase, qui est la norme dans le Morvan, couplée au renforcement de la demande de bois sur le marché mondial, contribuent aussi à accélérer le changement de la physionomie du territoire en dégradant sa qualité paysagère et qui crée des dissensions de plus en plus fortes entre les acteurs de la filière et les habitants.
Retour sur les premières expérimentations
Le cas des sites classés
Sur les propriétés publiques situées dans l’emprise des Sites classés du Mont-Beuvray et du Mont-Préneley, le souci d’améliorer la qualité paysagère et la biodiversité tout en préservant la ressource économique dicte les documents de gestion forestière établis par l’ONF. Cela passe notamment par la conversion des peuplements réguliers de résineux apparus depuis le milieu du XXe siècle en peuplements mixtes (résineux / feuillus) et irréguliers.
Par ailleurs, une enquête centrée sur ces deux sites et leurs abords a permis de mieux connaître la structure de la propriété forestière. Peu après, un projet financé par le dispositif des Plans de Paysage du Ministère de l’écologie dont le territoire a été lauréat en 2019 a permis de lancer deux actions expérimentales :
- la SAFER Bourgogne Franche-Comté anime la reprise des biens dits « vacants et sans maître » à l’échelle des douze communes du Grand Site de France, afin d’aider les communes à se constituer un capital foncier et à construire une stratégie foncière, sachant que ces biens vacants sont pour l’essentiel des parcelles forestières (anciens terrains agricoles abandonnés).
- le Centre National de la Propriété Forestière Bourgogne Franche-Comté s’efforce de convaincre les micro-propriétaires fonciers à mutualiser la constitution de plans de gestion. Afin d’aller plus loin dans les possibilités de mutualisation de gestion, une visite découverte de la Fruitière de Gestion Forestière du Haut-Jura a permis de voir l’étendue des possibles.
Le laboratoire a pour ambition de promouvoir un dialogue approfondi, appuyé sur des faits avérés et sur de l’expertise scientifique, afin à la fois de sensibiliser les propriétaires et les acteurs de la filière bois aux enjeux écologiques et paysagers, et de faire prendre conscience aux habitants, qui sont souvent leurs détracteurs, des préoccupations et des contraintes du secteur.
Le laboratoire d’expérimentation forestière
Promouvoir les bonnes pratiques sylvicoles
Dans le cadre du troisième cycle de labellisation du Grand Site, un laboratoire d’expérimentation forestière a été initié. Il a pour ambition de devenir une vitrine des bonnes pratiques de gestion forestière conciliant économie, écologie et paysage, notamment en :
- installant un observatoire permanent de la forêt s’intéressant simultanément à toutes les échelles d’observation, de l’échelle moléculaire (génétique) à l’échelle paysagère (perception par les populations) ;
- expérimentant différentes modalités de régénération des peuplements forestiers dans le respect des ambitions de préservation de la biodiversité et des paysages et l’optimisation du piégeage du carbone ;
- maintenant la valeur économique de la forêt, par la production de bois et l’exploration de sources alternatives de revenu comme la rémunération de services écosystémiques.
Les partenaires du laboratoire
Des financements variés
Le laboratoire forestier mobilise trois partenaires principaux : Bibracte EPCC, l’Office national des Forêts et le Parc naturel régional du Morvan. Il associe en outre la communauté scientifique, dans l’esprit d’un terrain d’expérimentation partagé. Le laboratoire forestier du Grand Site est soutenu pour la période 2022-2023 par le dispositif du Partenariat européen d’Innovation pour l’Agriculture et la Foresterie (PEI-Agri), financé par le FEADER et l’autorité régionale. Grâce à cette dotation, un poste d’animateur a pu être créé en 2022. Par ailleurs, des fonds ad hoc mis en place par l’État au titre du Plan de Relance permettent de financer des replantations sur les parcelles d’épicéa qui ont dépéri ces dernières années.