Le Morvan des Sommets

Cette singularité géologique, au milieu d’une Bourgogne calcaire, a produit différentes entités paysagères. Les roches qui constituent les trois principaux sommets du Morvan sont issues de volcans actifs il y a environ 360 millions d’années. Depuis lors, ces reliefs très anciens se sont érodés au point d’être enfouis sous les océans pendant des dizaines de millions d’années, avant de ressurgir lors de la formation des Alpes il y a 35 millions d’années.

Si la forêt occupe aujourd’hui plus de 60% du territoire du Morvan, avec notamment la remarquable hêtraie cathédrale de Bibracte, typique du Morvan montagnard, et les galeries forestières de bord de ruisseau, cela n’a pas toujours été le cas. À l’époque de Bibracte et à l’époque romaine, les vallées et les versants étaient largement acquis à l’agriculture et au pastoralisme. Alors que la population décroît dans la première partie du Moyen Âge, le paysage se referme provisoirement. 
À partir du XI^e siècle, l’activité humaine se déploie de nouveau. Essence emblématique du territoire pour les siècles à venir, le châtaignier est planté massivement. Le milieu du XIX^e siècle correspond au maximum démographique et les espaces agricoles atteignent leur plus grande étendue. Surexploitée pendant trois siècles pour approvisionner Paris en bois de chauffage, acheminé par flottage sur l’Yonne, la forêt est épuisée. Elle sera régénérée au XIXe siècle par la plantation de résineux. Avec l’exode rural massif de la première moitié du XX^e siècle, les terrains s’enfrichent et sont souvent regagnés par la forêt. De nos jours, les résineux, essences forestières productives, ont largement remplacé les feuillus et colonisé les anciennes terres agricoles alors que l’agriculture s’est mécanisée et spécialisée dans l’élevage bovin. Aujourd’hui, le changement climatique oblige à réorienter la gestion des espaces agricoles et de la forêt.

Situé à la croisée des bassins versants de l’Yonne et de la Loire, l’ensemble montagneux du Morvan des Sommets est le premier obstacle majeur que rencontre l’air humide apporté par les vents d’ouest depuis la façade atlantique. La pluviométrie y est donc importante (jusqu’à 1800 mm/an sur les sommets). 
Par son caractère imperméable, le sous-sol volcanique limite l’infiltration profonde des eaux, ce dont résultent un chevelu hydrologique dense ainsi que de nombreuses sources, des « mouilles » (prairies humides) et même des tourbières, notamment en aval des sources de l’Yonne. 
Par ailleurs, la nature du sous-sol ne permet pas le stockage de la ressource en eau, ce qui conduit rapidement à des pénuries quand la sécheresse se prolonge. À l’heure où les sécheresses estivales deviennent la norme, c’est un défi majeur de parvenir à mieux gérer la ressource en eau. 

Tout proche du mont Beuvray, le mont Préneley est recouvert par la dernière grande hêtraie montagnarde du Morvan qui lui confère une noblesse et un prestige particuliers. Point de la limite de partage des eaux entre les bassins de la Seine et de la Loire, l’Yonne prend sa source à son pied, dans un marais tourbeux proche. Un peu en aval se trouve une des plus remarquables tourbières de Bourgogne. 
Les traces de l’occupation humaine sont également nombreuses sur ce site : vaste agglomération contemporaine de Bibracte, sanctuaire d’époque romaine, digues des retenues d’eau qui permettaient le flottage du bois.
Pour l’ensemble de ces richesses, les lieux sont classés au titre des sites depuis 1990. Ils sont aussi protégés au titre du programme Natura 2000 et de la réserve naturelle régionale des tourbières du Morvan.
Le Conseil départemental de la Nièvre a acquis le cœur du site afin de le préserver et de l'ouvrir au public.

Avec ses 901 m d’altitude, le Haut-Folin est le point culminant du Morvan, situé au cœur de la forêt domaniale de Saint-Prix. La seule station de ski de descente de Bourgogne y avait été installée en 1980. Il n’en reste aujourd’hui que quelques pylônes d’une remontée mécanique enfouie dans la végétation. Le chalet club alpin français au Haut-Folin, aujourd’hui détruit. 
Le sommet est également équipé d’installation de télécommunication et de surveillance du trafic aérien partagées par plusieurs administrations. Les nombreux ruisseaux qui prennent leur source sur ses pentes sont riches de zones humides et tourbeuses. L’étang de Préperny (commune d’Arleuf), sur un ruisseau affluent de l’Yonne, est un vestige des installations hydrauliques liées au flottage du bois. 

Si c’est pour ses qualités paysagères que le Grand Site de France Bibracte - Morvan des Sommets a été labellisé, il recèle également de sites exceptionnels d’un point de vue de la biodiversité qui font l'objet de différentes mesures de protection :
- La réserve naturelle régionale des tourbières du Morvan (tourbières du Port des Lambert, en aval des sources de l’Yonne, et de Préperny, à proximité du Haut-Folin)
- L’espace Naturel Sensible des Sources de l’Yonne 
- La zone de protection Natura 2000 Milieux humides, forêts, pelouses et habitats à chauves-souris du Morvan, qui inclut le mont Beuvray, le mont Préneley, le Haut-Folin et la vallée de la Canche 
- La zone de protection Natura 2000 Bocage, forêts et milieux humides du Sud Morvan
- La réserve biologique domaniale des Gorges de la Canche 
- Plusieurs Zones Naturelles d’Intérêt Floristique et Faunistique (Znieff) de type I et II