Les hommes dans le paysage

Les douze communes du Grand Site de France totalisent une population de 3 800 habitants sur une surface de 420 km², soit une moyenne de 9 habitants par km². La densité est plus faible dans les communes de montagne (4 hab./km² à Glux-en-Glenne), un peu plus forte en piémont, sans jamais dépasser 12 hab./km². L’ensemble du territoire subit une baisse démographique continue depuis la fin du XIX^e siècle où sa population était alors 5 fois plus importante. Aujourd’hui, les communes du territoire s’appuient sur les services des villes et des bourgs qui les entourent, surtout Autun, « pôle d’équipement supérieur » de 13 000 habitants, plus modestement Château-Chinon, Moulins-Engilbert, Luzy et Étang-sur-Arroux, « pôles d’équipement intermédiaires » qui possèdent chacun entre 1 500 et 2 000 habitants.

À l’échelle du Morvan, la part de personnes âgées est nettement plus élevée que la moyenne nationale, avec près 40% de personnes de plus de 60 ans, ce qui n’est pas inhabituel dans les régions rurales. Aux nombreux Morvandiaux exilés à Paris qui reviennent au pays passer leur retraite, s'ajoutent des retraités urbains séduits par les charmes d'une vie simple au grand air. Depuis la fin du siècle dernier, et plus particulièrement depuis la crise sanitaire de 2020-2021, le territoire a néanmoins acquis une nouvelle attractivité auprès des personnes de plus en plus nombreuses qui souhaitent quitter la ville et qui y apportent des compétences et des ambitions nouvelles, enrichissant sa vie sociale et son économie.

L’économie agricole du Morvan a connu de profonds bouleversements depuis les années 1960 sous l’effet de la « politique agricole commune » (PAC) partagée à l’échelle européenne. Les exploitations autarciques, dont la surface ne dépassait que rarement deux ou trois dizaines d’hectares, ont laissé place une économie monolithique d’élevage bovin « naisseur », c’est-à-dire producteur de veaux engraissés en dehors du territoire, en particulier en Italie. Les exploitations ont vu leur taille croître fortement, pour dépasser 100 ha en moyenne, et leur nombre se réduire d’autant. Le territoire du Grand Site de France compte aujourd'hui une centaine d'exploitations qui pour la plupart suivent ce modèle, mais on note une part croissante de petites exploitations mieux impliquées dans l’économie locale par la vente en circuit court.  

À la population résidente permanente, il faut ajouter les nombreux habitants temporaires : sur les 50 000 résidences recensées en 2014 dans le Parc naturel régional du Morvan, plus de 12 000 sont des résidences secondaires ou occasionnelles. On peut en déduire que les visiteurs de passage – de très nombreux Parisiens mais aussi beaucoup de Hollandais, de Belges et de Britanniques viennent passer leurs vacances dans le Morvan – représentent ponctuellement un apport significatif de population, surtout en période estivale et de plus en plus tout au long de l’année dans le contexte d’une réorganisation des habitudes de vie et de travail qui a été accélérée par la pandémie de COVID19. Au total, l’économie dite « résidentielle », c'est à dire le secteur de l’économie fondé sur la dépense de richesses apportées de l’extérieur, pèse de plus en plus dans la vie du territoire.